Les Garçons Sauvages, Bertrand Mandico, 2018
Dans les rôles des garçons sauvages, les actrices : Vimala Pons, Mathilde Warnier, Diane Rouxel, Anaël Snoek, Pauline Lorillard
Bertrand Mandico : "J’ai pensé à des actrices dès le début. C’était le désir de leur offrir des rôles iconoclastes et chercher en elles les garçons sauvages... C’est intéressant de donner des possibilités de jeu à des actrices qui se sentent peut-être à l’étroit dans ce qu’on peut leur proposer. Cela a été long pour trouver les cinq jeunes actrices et la dynamique de bande : je ne voulais pas tomber dans la caricature du film choral, où la caractérisation physique de chacun est très marquée pour qu’on reconnaisse le personnage. Je voulais une bande unie, presque comme un groupe de rock. Vimala Pons serait au chant, Anäel Snoek au clavier, Pauline Lorillard à la batterie, Mathilde Warnier à la basse et Diane Rouxel à la guitare. Le Capitaine (Sam Louwyck) serait le manager qui se ferait voler son groupe par le Dr Séverin (Elina Löwensohn), qui aurait des ambitions plus hautes pour les garçons.
C’est la mécanique organique vivante qui me motive, la communion de fluides, les fusions, les métamorphoses : les passages de frontières, les zones non marquées... Je travaille cela de façon obsessionnelle, inconsciente. Les garçons sauvages n’est pas un film à thèse, c’est plus de l’ordre de la pulsion : un luisant objet du désir. Mes idées me disent où je me trouve, mais elles ne m’indiquent pas où je vais".
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- La possibilité de muter, d'identité, de genre.
Bertrand Mandico : "C'est une idée qui me plaît beaucoup. Gommer les frontières. Pouvoir passer d'un côté à l'autre. J'idéalise une société moderne où les garçons peuvent devenir des filles, et puis redevenir des garçons, rester dans un entre-deux, bouger comme ça, quelque chose de mouvant, pas figé, pas binaire."
"Je filme avec une prise de son très sommaire, qui est un son témoin, que je vais jeter. J'aime beaucoup la post-synchro. Donc après, on fait un premier montage du film (sans le son), on sous-titre les propos des acteurs et des actrices pour savoir où on va. Ce montage doit forcément fonctionner sans son. C'est une épreuve du feu. Si le montage fonctionne sans son, il va forcément fonctionner avec du son : on s'emmerde pas trop.Quand on pense qu'on tient cet équilibre-là, on se met à travailler la bande-son, je convoque à nouveau les actrices pour les post-synchroniser. C'est une partie que j'aime beaucoup. On peut moduler, chercher encore des nuances, même contradictoires par rapport au jeu. Puis la musique arrive par strates."
Extrait du podcast avec Betrand Mandico, Radio Néo
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Marie Richeux, France Culture, à Bertrand Mandico : "Creuser des visions. J'avais l'impression, en voyant Les Garçons Sauvages, que vous aviez confiance dans ce que c'est qu'une image".