Syberberg : Le Parsifal féminin (Karin Krick) prend en charge sa difficile mission. Il naît une douleur érotique plus grande | Pascal Bonitzer : une jeune fille merveilleuse dont la bouche laisse passer la voix du ténor. Vampirisation réciproque

PARSIFAL 2: Karin Krick (vocals by Rainer Goldberg),
Parsifal, Richard Wagner
Director, Screenplay, Production: Hans Jürgen Syberberg

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"Le Parsifal féminin prend en charge sa difficile mission."

"C'est ce Parsifal féminin qui assume maintenant la tâche difficile de repousser cette Kundry, il naît une douleur érotique plus grande que cela n'aurait jamais été possible avec un Parsifal masculin, sur un tout autre plan de la sublimation spirituelle."

Hans Jürgen Syberberg, Parsifal, Notes sur un film. Editions Cahiers du Cinéma Gallimard, pages 130-132.

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Pascal Bonitzer : « Parsifal est hors-tout, c'est de l'extra-être, mais c'est l'une des choses les plus splendides qui aient jamais été sur un écran. Là le cinéma s'invente, surgit avec force et l'évidence du génie, transforme toutes les données du cinéma, traverse l'histoire du cinéma, du théâtre et de la peinture, fait émerger les corps et les paysages dans une tension, dans une lumière jamais vue, affirme l'irréel et l'impossible avec une incroyable puissance, joue de toutes les dimensions, de tous les égarements, de toutes les dislocations du corps et du visage (et d'abord de celui reproduit en dimensions géantes, comme sur un Mont Rushmore horizontal, de Wagner sous la forme de son masque mortuaire décomposé en ravins, grottes, ubacs et adrets) joue du play-back avec un tel génie que le son direct paraît presque en regard une mesquinerie de techniciens frileux, utilise le corps tendu à rompre et la voix inaudible - déchirée et "possédée" par celle, admirable, d'Yvonne Minton - d'une Edith Clever renversante, chauffée à blanc, folle, en proie à toutes les métamorphoses de Kundry, divise Parsifal, en fait surgir par déhiscence une jeune fille merveilleuse (Karin Krick) dont la bouche laisse passer la voix du ténor Rainer Goldberg... Vampirisation réciproque et lutte corps à corps, interpénétration formidable du cinéma et de l'opéra, de Wagner et de Syberberg, du complexe bouche-gorge-larynx des acteurs et de la voix des chanteurs, des corps et des décors, de la profondeur et de la surface, du grand et du petit, stupéfiant brassage de la mise en scène sur une orchestration sublime ... »

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"Nul ne lui a montré le chemin. Il ne sait pas les règles. L'égarement est son espace. Il ne sait rien. Rien ne le défend contre ce qui lui arrive: aucun savoir-faire, aucun savoir acquis. Même s'il ne comprend pas, il écoute. Nul ne l'a instruit. Mais tout l'initie, parce qu'il ne prétend à rien, et ne se défend de rien. Ouvert. Il a entendu un cri, senti s'ouvrir son coeur: et la peine d'un autre y est entrée, avec ces élancements qui sont la lumière. Il a su. Durch Mitleid wissend. Il n'y a pas d'autre chemin. Le vrai égaré, c'est celui qui vivait ceint de murailles, croyant avoir trouvé."

André Tubeuf : Parsifal, celui qui trouvait le chemin.

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Heroine (Character / Fiction)
Work / Oeuvre
Random / Heroines in Art, History and Fiction. Actresses:

Danielle Muir | Staatsballett Berlin | Half Life | Sharon Eyal & Gai Behar